Homélie de Mgr Durocher pour l'ouverture de l'année de la miséricorde

Voici l'homélie prononcée par Mgr Paul-André Durocher en la fête de l'Immaculée Conception à la paroisse Ste-Rose-de-Lima à Gatineau alors que, dans l'Église universelle, l'année jubiliare de la miséricorde est lancée.

(N.B.: Pour accéder au fichier audio, il faut cliquer sur le mot 'homélie' dans la phrase précédente. Dans la nouvelle fenêtre qui s'ouvrira, cliquez sur la flèche pour lancer l'enregistrement.)

Ouverture de l'année jubilaire de la miséricorde - samedi 12 décembre à 19 h

En deux jours, mardi 8 décembre, fête de l'Immaculée-Conception, le Pape François ouvrira la porte sainte de la basilique St-Pierre pour inaugurer l'année jubilaire de la miséricorde. Il a demandé que dans tous les diocèses du monde, une porte de la cathédrale soit désignée comme porte sainte pour la durée du jubilé, permettant ainsi aux fidèles d'un diocèse de participer à la démarche symbolique sans avoir à se rendre à Rome.

Après consultation avec notre table diocésaine de la liturgie, Mgr Durocher a désigné une des portes intérieures de l'entrée principale de la cathédrale St-Joseph comme porte sainte. Elle sera ornée d'une affiche sur chacune de ses deux faces : une invitant à entrer dans la cathédrale pour y faire l'expérience de la miséricorde de Dieu, l'autre exhortant à aller dans le monde manifester cette même miséricorde auprès de nos frères et de nos soeurs.

À l'intérieur de la cathédrale, un 'chemin de miséricorde' a été aménagé grâce à de petites affiches faisant le tour de l'église, évoquant des versets bibliques qui parlent de la miséricorde de Dieu (Ancien testament), de la miséricorde de Jésus (Évangiles) et de la communauté miséricordieuse que nous sommes appelés à devenir (lettres de Saint Paul).

Samedi soir, le 12 décembre à 19 h, l'année jubilaire sera inaugurée dans notre diocèse en ouvrant la porte sainte pour la première fois et en célébrant l'eucharistie. Soyons nombreux à participer à cette célébration empreinte de la tendresse de Dieu et de la joie de l'Avent.
Il y a une semaine, Mgr Durocher prenait la parole devant les marcheurs rassemblés à Ottawa afin de manifester leur appui pour le COP21 qui se déroule présentement à Paris. Voici le texte de son intervention (qu'on lui avait demandé de faire en alternant le français et en l'anglais):


C’est un grand honneur pour moi de pouvoir prendre la parole devant vous aujourd’hui, et je remercie les organisateurs de m’en donner la chance. Depuis mon adolescence, j’ai été préoccupé par la question environnementale. Ma lecture à l’âge de 18 ans du rapport du Club de Rome intitulé ‘Halte à la croissance’ provoqua chez moi une première prise de conscience. Un de mes frères s’est lancé dans l’étude de la science écologique et en a fait sa carrière, comme deux de ses fils, et c’est un sujet dont nous discutons souvent. Mais la première fois que j’ai compris la relation entre mes convictions de foi chrétienne et la question écologique remonte à 1990 lorsque le Pape Jean-Paul II a publié un message où il affirmait que la crise écologique est un problème moral.

The Roman Catholic Church might have lagged behind others in becoming aware of the moral dimensions of the ecological crisis, but I dare say that propelled by John-Paul II’s reflections, encouraged by the quiet leadership of Pope Benedict XVI and inspired by the prophetic voice of Pope Francis, we have been catching up. I’d like to take this moment to recognize the other Christians groups who are here today – particularly the Anglican, Presbyterian and United Churches - , faith-based NGO’s such as Kairos and Development & Peace, as well as other faith groups and spiritual traditions who have been involved in this issue for much longer than we have. I particularly want to recognize how my contact as a young bishop with the Ojibway people of the North Shore of Georgian Bay helped me discover the deep connection between indigenous spiritualities and care for creation. For this, I say ‘Chi migwich’.

Il y a quelques mois, le Pape François a publié la première encyclique de l’histoire consacrée à la question écologique sous le titre ‘Laudato Si’’. Ce titre reprend le refrain d’un hymne au Dieu créateur composé il y a près de mille ans par François d’Assise, ce jeune italien qui avait rejeté une vie fondée sur la richesse et la violence pour se consacrer à la pauvreté, à la contemplation et à la paix. François d’Assise demeure pour nous un exemple parlant qui nous invite à revoir nos propres choix de vie, à opter pour la simplicité, le respect de la création, le partage et le souci de l’autre. Quant au Pape François, il nous rappelle dans son encyclique que la question écologique est une question de justice sociale, car se sont toujours les plus pauvres qui souffrent le plus des effets dévastateurs de la pollution et du changement climatique. S’engager à prendre soin de la terre, c’est aussi s’engager à prendre soin de nos frères et soeurs les plus vulnérables et les plus pauvres.

A couple of days ago, speaking at a UN compound in Nairobi, Pope Francis said : ‘We are confronted with a choice which cannot be ignored: either to improve or to destroy the environment... COP21 represents an important stage in the process of developing a new energy system which depends on a minimal use of fossil fuels, aims at energy efficiency and makes use of energy sources with little or no carbon content. We are faced with a great political and economic obligation to rethink and correct the dysfunctions and distortions of the current model of development...’

I make mine the hope expressed by Pope Francis : ‘That COP21 will achieve a global and “transformational” agreement based on the principles of solidarity, justice, equality and participation; an agreement which targets three complex and interdependent goals: lessening the impact of climate change, fighting poverty and ensuring respect for human dignity.’

Hier, à Paris, un millier de pèlerins de diverses traditions religieuses ont présenté au gouvernement français une pétition signée par deux millions d'hommes et de femmes du monde entier, invitant les chefs de gouvernement à faire preuve d'engagement et d'action concrète alors qu'ils se rassemblent pour le COP 21. Nos voix ici à Ottawa se joignent aux leurs, de mêmes qu'aux myriades de voix aux accents divers qui s'élèvent des nations et des religions du monde pour dire à nos chefs politiques : Un tel accord est 100% possible! Une telle transformation est 100% possible! Un tel monde est 100% possible! Merci!

Nostra Aetate dans l'Église et le monde : 50 ans de dialogue interreligieux!

Frédéric Barriault
Communications & Société

On célèbre ces jours-ci le 50e anniversaire de la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II sur le dialogue interreligieux. Bien qu’il s’agisse du plus court document (trois pages) à avoir été produit lors du Concile, c’est sans conteste l’un des textes conciliaires ayant exercé la plus grande influence sur l’Église. Nostra Aetate a en effet transformé de manière radicale les relations entre l’Église catholique et les religions non-chrétiennes.
Depuis 50 ans, l’Église est profondément engagée dans la voie du dialogue interreligieux. Le Vatican et les conférences épiscopales nationales ont en effet multiplié les rencontres et les espaces de dialogue afin que chrétiens et non-chrétiens, catholiques et non-catholiques, mettent un terme à des siècles de méfiance, de mépris et, parfois, de violence réciproques. Afin qu’un climat de confiance et de respect mutuel puisse être établi entre les grandes traditions religieuses. Et qu’on contribue ainsi à la paix mondiale.
Des liens extrêmement forts unissent la déclaration Nostra Aetate (28 octobre 1965) et l’encyclique Pacem in Terris (11 avril 1963) du pape Jean XXIII. Dans les deux cas, l’Église a pris fait et cause pour la mise en place d’une culture favorable au dialogue interreligieux, à la solidarité internationale et à la promotion de la paix mondiale.
Dans cet article, nous tâcherons de mettre en évidence le contenu et le contexte de rédaction de la Nostra Aetate, de même que l’influence décisive que cette déclaration a exercé sur l’Église.

L’Église catholique et le dialogue interreligieux
Il n’y a pas si longtemps, l’Église catholique était loin d’être aussi bienveillante à l’égard des religions non-chrétiennes. Les missionnaires envoyés convertir les peuples lointains devaient non seulement y prêcher la « supériorité » de la foi catholique mais aussi pousser leurs catéchumènes à couper tous leurs liens avec leur ancienne religion, jugée idolâtre et superstitieuse. « Hors de l’Église, point de salut » disait l’adage.
L’attitude de l’Église à l’égard des autres religions était parfois teintée de mépris, sinon d’hostilité ouverte, y compris à l’égard de nos « frères séparés » protestants : la théologie protestante était jugée hérétique et tournée en dérision; leurs pasteurs et fidèles étaient traités avec méfiance; les mariages mixtes entre catholiques et protestants étaient même présentés comme le « mal absolu » par certains prêtres.
Les juifs n’étaient guère mieux considérés. La liturgie du Vendredi saint présentait encore les juifs comme un « peuple perfide et maudit » et comme un « peuple déicide », les enfants d’Israël étant collectivement jugés coupables d’avoir « tué » le Christ… Quant à l’islam, aussi bien dire qu’une méfiance durable existait entre les deux religions, et ce, depuis au moins l’époque des Croisades…

Un point tournant : la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II
La déclaration Nostra Aetate a changé du tout au tout l’attitude de l’Église à l’égard des autres religions. Au départ, il ne devait s’agir que d’une déclaration sur les juifs. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et du génocide hitlérien, plusieurs voix s’étaient élevées dans l’Église afin qu’on mette un terme à des décennies, voire des siècles, d’antisémitisme et d’antijudaïsme chrétiens.
Lui-même horrifié par le nazisme et ayant contribué à sauver la vie de 24 000 juifs alors qu’il était nonce en Turquie, le pape Jean XXIII a joué un rôle-clé dans la naissance de Nostra Aetate. Profitant du fait que les évêques de la catholicité étaient réunis en concile œcuménique, il confia au cardinal Augustin Bea, un jésuite allemand, la tâche de revoir, en communion avec les Pères conciliaires, l’attitude de l’Église à l’égard du peuple juif. Ce projet était très cher au cœur de Jean XXIII : il s’était lui-même engagé auprès de l’historien juif Jules Isaac à revoir de fond en comble les relations entre juifs et chrétiens.
Au terme de débats parfois houleux, les Pères conciliaires de Vatican II ont fini par accoucher d’un texte fondateur dans l’histoire de l’Église : la Déclaration sur les relations de l'Église avec les religions non-chrétiennes (Nostra Aetate). Adoptée en 1965, cette déclaration va beaucoup plus loin que ce que souhaitaient le pape Jean XXIII et le cardinal Bea. La déclaration Nostra Aetate ne se contente pas donner naissance à un dialogue fécond et sincère entre juifs et chrétiens : elle demande aussi à l’Église de reconnaître ce qu’il y a de « vrai et de saint » dans toutes les religions du monde et exhorte les catholiques à faire preuve « d’un respect sincère » à l’égard de religions qui, « quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même [l’Église] tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes ».
Nostra Aetate ne libère certes pas l’Église de sa mission fondamentalement missionnaire : « Toutefois, [l’Église] annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses (2 Co 5, 18-19) ». Elle exhorte néanmoins les catholiques à s’engager « avec prudence et charité », dans un dialogue franc et une collaboration sincère avec « les adeptes d’autres religions ».

Le leadership exceptionnel de Jean-Paul II en matière de dialogue interreligieux
Plusieurs initiatives ont été déployées par l’Église afin d’entrer en dialogue avec fidèles des grandes traditions religieuses du monde. Mais aussi pour demander humblement pardon pour les péchés commis au cours de l’histoire « par ceux qui ont porté le nom de chrétiens » mais qui se sont comportés de manière très peu évangélique.
Nul pape d’incarne mieux que Jean-Paul II cette double évolution du catholicisme. Non seulement a-t-il joué un rôle-clé dans le dialogue interreligieux, mais il a aussi consacré les dernières années de son pontificat à « purifier » et à « guérir » la mémoire de l’Église, en demandant pardon pour l’attitude violente des catholiques d’autrefois à l’égard des chrétiens orthodoxes, des protestants, des juifs, des musulmans, des Amérindiens, des esclaves noirs, etc.
Jean-Paul II a aussi donné le ton en matière de dialogue interreligieux, d’abord lors de son discours de Casablanca, au Maroc, le 19 août 1985, où il avait fait l’éloge du dialogue islamo-musulman. Ensuite lors de sa visite de la Grande synagogue de Rome, le 13 avril 1986, où il avait prié en compagnie du grand rabbin Elio Toaff. Enfin, en devenant le tout premier pape à visiter la Mosquée des Ommeyades de Damas, le 7 mai 2001, où il a d’ailleurs prononcé une homélie en faveur de la paix entre les chrétiens, les juifs et les musulmans.

Un événement emblématique : les Rencontres interreligieuses d’Assise
L’un des événements les plus symboliques de son pontificat a eu lieu en 1986. Cette année-là, saint Jean-Paul II décidait d’inviter les leaders des grandes religions du monde à une rencontre interreligieuse, dans un esprit de paix, de fraternité et de dialogue. Il choisit de tenir cette rencontre à Assise, ville natale du fondateur des Franciscains. Saint patron des écologistes, Francois d’Assise était aussi un homme de paix, ce dernier étant entré en dialogue avec le sultan d’Égypte, et ce…. en pleine époque des Croisades!
Plus de 150 chefs religieux mondiaux, dont le Dalaï Lama, ont assisté à la première édition des Rencontres interreligieuses d’Assise. Aux yeux de Jean-Paul II, le but de cette rencontre n’était certes pas de demander aux chefs religieux d’en arriver à un « consensus religieux » ou même de « mener une négociation » sur les convictions qui sont au cœur de leur foi. L’objectif était plus modeste, quoique profondément « révolutionnaire ». Les chefs religieux devaient surtout « puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes » de leurs spiritualités respectives afin de contribuer à édification d’un monde plus pacifique et plus fraternel.
La rencontre d’Assise ayant été un vif succès, on répétera l’expérience en 1993, en 1999 en 2002 et en 2011.

Les conséquences à long terme de Nostra Aetate
Les conflits militaires et les tensions interreligieuses n’ont certes pas cessé d’ensanglanter notre monde. Cela n’a pas empêché l’Église de se cramponner à cet idéal qu’est celui du dialogue œcuménique et interreligieux. Un grand nombre de catholiques ont poursuivi coûte que coûte leurs efforts de dialogue avec les fidèles issus d’autres traditions religieuses, parfois dans le but de contribuer à la paix mondiale et au respect mutuel, parfois dans le but de mieux comprendre et de mieux apprécier l’originalité de leur propre tradition religieuse.
Des moines trappistes comme Thomas Merton et Christian de Chergé ont joué un rôle décisif en matière de dialogue avec les fidèles issus d’autres traditions religieuses. Les moines martyrs de l’abbaye de Tibhirine, en Algérie, et ceux de l’abbaye de Mar Moussa, en Syrie, n’ont pas agi autrement : même face aux violences des djihadistes, ils se sont cramponnés à l’idéal de dialogue préconisé par la déclaration Nostra Aetate de Vatican II. 
Au cours des 50 dernières années, plusieurs initiatives ont été déployées par la Conférence des évêques catholiques du Canada afin de contribuer au dialogue interreligieux. Celles et ceux qui voudraient en apprendre davantage à ce sujet pourront lire le document publié par la CECC afin de célébrer le 50e anniversaire de Nostra Aetate et intitulé Une Église en dialogue.
De nos jours, seuls les intégristes rejettent avec véhémence cet idéal de dialogue, de fraternité et de respect mutuel. Bien sûr, tous sont inquiets à la vue de la persécution dont sont victimes les minorités chrétiennes de la part de groupes djihadistes armés comme Boko Haram et l’État islamique. Le pape François s’est d’ailleurs maintes fois prononcé sur le sujet. Mais sans jamais sombrer dans la moindre logique guerrière, ni dans la moindre méfiance maladive à l’égard de l’islam. Dans Evangelii Gaudium (IV, 253), il a réitéré son respect envers « les vrais croyants de l’islam » et a rappelé aux catholiques qu’ils doivent « éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence ».
Aux yeux du pape, la solution à ces tensions interreligieuses passe par le dialogue et la diplomatie — et non pas par la lutte armée. Inutile de rappeler ici son parti-pris en faveur de la paix, que ce soit entre Cuba et les États-Unis, entre la Russie et l’Ukraine, ou entre Israël et la Palestine. C’est d’ailleurs ce qu’il a rappelé lors de son récent discours aux Nations Unies, le 25 septembre dernier.
Signe des temps, dans son encyclique Laudato Si sur la sauvegarde de la création, il n’a pas hésité à citer les paroles d’un mystique musulman du IXe siècle (Ali-al-Khawas) et à citer celles de l’actuel patriarche orthodoxe de Constantinople, Bartholomée Ier. Il n’a pas davantage hésité à participer à une prière interreligieuse aux abords de Ground Zero et du Mémorial du 11 Septembre 2001, lors de son récent voyage à New York. Et ce, en compagnie de chefs religieux juifs, musulmans, chrétiens, bouddhistes et hindous. Pas plus d’ailleurs qu’il n’a hésité, lors de son voyage à Jérusalem, le 26 mai 2014, à aller prier devant les Lieux saints de l’islam (Le Dôme du Rocher) et du judaïsme (le Mur des Lamentations). En répétant encore et encore le même message aux chrétiens, aux juifs et aux musulmans:

Chers amis de ce lieu saint, je lance un appel pressant à toutes les personnes et aux communautés qui se reconnaissent en Abraham : respections-nous et aimons-nous les uns les autres comme des frères et des soeurs! Apprenons à comprendre la douleur de l'autre! Que personne n'instrumentalise par la violence le Nom de Dieu! Travaillons ensemble pour la justice et pour la paix! 

Il suffit de voir de quelle manière le pape Francois et l’Église catholique ont réagi à la crise des migrants pour prendre la mesure de cet appel en faveur la fraternité universelle. À une époque où certaines personnes se méfient des étrangers, où certains pays érigent des murs « anti-immigrants » à leurs frontières et où certains intellectuels défendent l’idée d’un « choc » inévitable entre la civilisation occidentale et la civilisation islamique, on devrait s’attendre à une montée en flèche de la haine et de l’indifférence, y compris de la part des catholiques. Or, c’est tout le contraire qui s’est produit. Une vague de sympathie et de solidarité à l’égard des réfugiés syriens et irakiens s’est déployée un peu partout dans la catholicité. Le pape Francois et les évêques ont multiplié les prises de position en faveur de l’accueil des réfugiés, et ce, même si la plupart d’entre eux sont musulmans. Les diocèses d’Europe et d’Amérique se sont mobilisés afin de faciliter et d’accélérer l’accueil de ces réfugiés. 
Les grandes ONG catholiques — Caritas et Développement & Paix, par exemple — n’agissent pas autrement lorsqu’elles viennent en aide aux populations éprouvées par la guerre, la famine, les catastrophes naturelles ou le sous-développement. La religion pratiquée par ces populations n’est jamais prise en considération lorsque ces ONG leur viennent en aide. Au cours des dernières années, ces ONG sont venues en aide des milliers de personnes sur Terre, y compris dans des pays musulmans, du Pakistan à la Syrie, et du Kosovo au Darfour. 

Tout cela parce que, depuis le Concile Vatican II et la Déclaration Nostra Aetate, l’Église catholique s’est ralliée à un idéal de dialogue, de compassion et de solidarité.