Jean-Claude Guillebaud
« Une autre vie est possible »
L’Iconoclaste, 2012

Le sous-titre de ce volume est intéressant : « Comment retrouver l’espérance? »

Jean-Claude Guillebaud, ancien journaliste a beaucoup écrit et continue de produire abondamment. Son livre le plus connu est « Comment je suis redevenu chrétien » paru en 2007. Il nous revient ici avec un thème on ne peut plus dans l’air du temps : celui de l’espérance dans un monde plutôt cynique.

Se situant dans un contexte européen en pleine crise de l’euro et de confiance en la communauté européenne, il fait appel à son expérience avec les groupes communautaires d’entraide et de bénévolat qui s’attaquent patiemment aux problèmes fondamentaux du monde sans nécessairement faire appel à de grands moyens.

Quant au contraire de l’espérance qu’il nomme « désespérance », Guillebaud rappelle qu’elle n’est pas mieux fondée; « elle participe plutôt d’une manière de lâcheté ». Selon lui, le pessimisme ambiant de même que l’acharnement sur le « lâcher-prise » méritent d’être questionnés. Le manque d’espérance n’est pas nouveau; les Pères du désert du début de l’Église l’appelaient « acédie ».

La thèse qu’il développe est la suivante : « Pour une communauté comme pour un individu, l’espérance n’est pas seulement reçue, elle est décidée… » p.214. Toute une affirmation que celle de ne pas chercher l’espérance en dehors de soi comme dans une sorte de paradis. L’espérance ne s’achète pas non plus. Comment faire quand les ressorts intérieurs ne permettent plus de rebondir? Il est vrai que, parfois, il faut choisir de sortir de sa torpeur en cessant de s’écouter, de décider de se prendre en main et  regarder le monde avec des yeux neufs.

Et pourquoi pas les yeux de la foi, comme chez les prophètes qui ont lutté contre la conception d’un temps cyclique de leur époque? La théologie des signes des temps ou du regard de foi me semble toujours valable dans un temps de désespérance : déceler dans son vécu les petites pousses d’espérance et les cultiver avec soin est une recette ancienne qui a fait ses preuves. Dans les jours plus sombres, prendre l’habitude de chouchouter ses semis d’espérance: pourquoi pas?

Ce petit livre se lit très bien; il est comme un rayon de soleil dans un hiver tenace.
Philippe Gendron

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